C’est en Touraine, baptisée « le jardin de France » depuis la fin du XVe siècle, que je rencontre Anna Shoji. Productrice de légumes de variété japonaise, Anna me propose une découverte inédite lors de notre balade sur son exploitation nommée « Yasai » (légumes en Japonais).

Femme d’affaires

Le contact avec la culture française se fait dès l’enfance. Les parents d’Anna la placent à l’école française de Tokyo. Dès l’âge de six ans, tous les ans, Anna et son frère partent en vacances dans le Nord Pas de Calais, des souvenirs de partage et de convivialité. La suite, un cursus de deux ans à Avignon et cinq ans à Paris qui propulse Anna en tant que coordinatrice de projets internationaux et interprète. Anna accompagne les entreprises japonaises à exporter leur savoir-faire.
C’est à Constantine, Algérie, que l’idée d’Anna prend racine. En mission pour un projet de construction d’autoroutes, Anna et quelques collaborateurs décident de cultiver leur potager. Un potager exclusivement avec des légumes japonais pour leur cuisine, « juste par gourmandise ». Tombée sous le charme, Anna décide de tout quitter. Tailleurs au placard, Anna rentre en France et commence ses recherches.

Sur ses terres

« Je voulais une terre qui se rapproche de celle du Japon », le postulat de départ d’Anna. Première étape, un stage de quelques semaines dans une école agricole au Japon. Deuxième étape, trouver une terre saine propice à la culture de légumes japonais.
Anne se rend au Portugal et dans sud-est de la France, mais c’est Ligueil qui l’emporte ! Grâce à « Terre de liens », un site de mise en relation entre agriculteurs. Anna rencontre monsieur Nonin qui cherche un repreneur. Une exploitation biologique qui correspond exactement à la recherche d’Anna. Un bon équilibre pour démarrer son activité.

Un nouveau chapitre

Après Tokyo, Paris, Constantine et une carrière à l’international Anna se pose à Ligueil en janvier 2016. Pendant six mois, monsieur Nonin prend le temps d’accompagner Anna dans la prise en main de l’exploitation et s’assurer que les légumes japonais se plaisent.

Cinq serres sur deux hectares où poussent ciboule de Kyoto, feuille de chrysanthème, haricots kilomètre, maïs doux, patates tarot, et tant d’autres. Cultiver certes, mais Anna va plus loin. Elle veut mettre en lumière le savoir-faire japonais sur les techniques de conservation et de transformation des légumes.
Anna cultive manuellement les légumes qu’elle apprécie. Une organisation rigoureuse de son exploitation : bien être du légume en associant des variétés compatibles entre elles et surtout un arrosage précis et optimisé. Une logique qui porte ses fruits, ses légumes font un tabac auprès des chefs ! Des nouveautés toutes les semaines. Sa prochaine expérience : creuser un bassin pour cultiver des tiges de lotus.

« Ce que j’ai toujours eu en moi, c’était de présenter ce qui se fait de bien au Japon », souligne Anna. Faire le pont entre le Japon et la France au travers des légumes. Le légume, un vecteur de communication symbolisant l’excellence japonaise. Sentir et vivre avec la nature, découvrir un nouvel univers en apprenant tous les jours. Une belle aventure qu’Anna relève avec brio !